Voici un petit aperçu de cette maladie qui n’est pas aussi rare que l’on peut le croire.
Le pancréas est une glande en forme de « V » qui longe l’arrière de l’estomac et le départ de l’intestin grêle (duodénum) du chien. Elle est composée de plusieurs types cellulaires :
Il possède 2 fonctions hormonales distinctes : exocrine (libération par ses canaux dans l’intestin des enzymes responsables de la digestion) et endocrine (synthèse de plusieurs hormones dont notamment l’insuline et le glucagon qui régulent la concentration sanguine en glucose).
Il s’agit d’une inflammation le plus souvent stérile du tissu pancréatique secondaire à l’activation des enzymes de la digestion au sein même de l’organe (et non au sein du tube digestif).
La différence entre la forme aigüe ou chronique n’est pas un critère symptomatique mais résulte de l’analyse histologique de l’organe et du type d’inflammation qu’il subit.
Ainsi un animal atteint de pancréatite chronique peut présenter des signes cliniques suraigüs et à contrario un animal atteint de pancréatite aiguë peut présenter des signes récidivants mimant une évolution chronique.
Lors de Pancréatite aigüe , l’inflammation est suppurative et réversible alors que lorsqu’elle est chronique, elle est de type lymphoplasmocytaire et débouche irrémédiablement vers une fibrose de l’organe donc une destruction cellulaire irréversible et la perte de certaines fonctions exocrine (Insuffisance pancréatique ou IPE) ou/et endocrine (Diabète sucré) si 80 à 90 % de l’organe est touché.
Lors de pancréatite aigüe, il existe plusieurs formes de pancréatite en fonction du degré d’inflammation et du type d’atteinte.
Les signes peuvent aller d’une banale « pseudo gastro entérite » (vomissements, diarrhée, perte d’appétit vers un état de prostration plus sévère avec douleur abdominale marquée (ventre de bois), hyperthermie, abattement, vomissement hémorragique voire une défaillance multiorganique (péritonite, insuffisance rénale aigüe, troubles de la coagulation, arythmies cardiaques …).
Il faudra donc y penser même lors de troubles digestifs même bénins, de douleur abdominale ou de tableau d’abattement sévère.
La pancréatite chronique peut rester longtemps asymptomatique avant d’être révélée par une crise aigüe ou une insuffisance organique. Il faudra également la rechercher si un diagnostic d’insuffisance pancréatique ou de diabète sucré est posé.
La cause primitive responsable d’une pancréatite est souvent inconnue.
Un certain nombre de facteurs peuvent néanmoins favoriser sa survenue: obésité, intolérances alimentaires, repas riche en graisses, traumatisme abdominal, certains médicaments, maladies hormonales, défaut de circulation sanguine au niveau du pancréas, …
Certaines races semblent présenter une prédisposition : Cavalier King-Charles, Cocker spaniel, Schnauzer (miniature), Shetland, Yorkshire terrier
Le diagnostic de pancréatite peut être complexe.
L’échographie est l’examen d’imagerie de choix pour évaluer le pancréas.
Mais comme tout examen d’imagerie il a également ses limites et un dosage sanguin de la lipase pancréatique spécifique canine (cPL) est souvent nécessaire pour confirmer le diagnostic.
Le traitement de la pancréatite du chien doit être le plus précoce possible.
Une hospitalisation est parfois initialement nécessaire pour combattre l’état de choc, la déshydratation secondaire aux troubles digestifs et initier le traitement contre le mal être et la douleur potentielle.
Les piliers du traitement sont donc :
Il convient de rechercher les facteurs favorisants et de les éviter ou de les éliminer.
Une prise en charge du poids de l’animal en cas d’obésité est fondamentale et une alimentation pauvre en matière grasse est souvent préconisée. Même si la cause de la pancréatite n’est pas souvent identifiée, une bonne hygiène alimentaire et de vie sont toujours un moyen préventif à ces affections. Il conviendra donc d’éviter les « Extra » de fête trop gras et qui peuvent être sources de pancréatite aigüe.
Ceci est particulièrement important chez les chiens présentant une hypertriglycéridémie ou une maladie hormonale associée.
Eviter ou interrompre la prise de médicaments potentiellement à l’origine de la pancréatite (immunosuppresseur, anti convulsivants…) si le chien est sous traitement et l’adapter au mieux en fonction de ses diverses affections.
Le pronostic à court terme est variable et dépend de la sévérité des signes cliniques.
Dans la plupart des cas, lorsque l’état clinique s’améliore et que les vomissements sont maitrisés, le chien peut sortir d’hospitalisation et poursuite son traitement à domicile. Un suivi régulier auprès du vétérinaire sont néanmoins essentiels.
La pancréatite peut également être responsable de complications comme le diabète sucré, l’insuffisance pancréatique ou déboucher sur une pancréatite chronique.
C’est pour toutes ces raisons qu’ elle demeure une affection sérieuse et qu’un suivi régulier est fondamental dans sa gestion et maitrise.